Le bal des ombres de Joseph O'Connor



"La puissance du vampire tient à ce que personne ne croit à son existence" - Dracula (1897).

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Londres, 1878. Trois personnages gravitent autour du Lyceum Theatre : Ellen Terry, la Sarah Bernhardt anglaise ; Henry Irving, grand tragédien shakespearien ; Bram Stoker, administrateur du théâtre et futur auteur de Dracula
Loin du faste et de la gloire, l'auteur nous mène vers la destinée de Bram Stoker, qui se révèle aussi chaotique qu'exaltante.

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L'histoire commence en Irlande, pays dans lequel nous découvrons un jeune fonctionnaire qui s’ennuie dans son travail. Ayant toujours eu la volonté d'écrire, il rédige des critiques de théâtre dans un journal local, jusqu'au jour où le grand Henry Irving le remarque et l'embauche comme administrateur de son Lyceum Theatre de Londres.
A partir de ce jour, la vie de Bram Stoker bascule : il ne vit que pour son travail, les acteurs, les techniciens et toutes les petites mains qui font de ce lieu une source de ravissement pour tous les spectateurs.

De cette vie naît un triangle amoureux : mais qui aime qui ? C'est là la question.
On dû mal à discerner les sentiments des personnages : ils vivent tous séparés de leur conjoint, ne cessent de se taquiner et s'appellent par des surnoms très évocateurs.
Mais peut-être n'est-ce là que des manies de gens du théâtre ? 

Ais-je aimé ce livre ? Je ne sais pas.
La lecture a été compliquée. Cela s'explique par plusieurs choses : 

✅ L'alternance des points de vus m'a embrouillée. Dans le même chapitre, avec un unique saut de ligne, nous passons d'un narrateur interne (qui est Bram lui-même ou Ellen Terry qui raconte un épisode de sa vie) à un narrateur externe, une personne totalement étrangère au récit, que l'on suppose être l'auteur qui nous fait un récit biographique.
Puis certains passages nous montre un narrateur omniscient, il sait tout, voit tout et ressent toutes les émotions. Cela arrive notamment lorsque notre trio est ensemble. 
C'est une façon d'écrire complexe. Le lecteur est toujours sur le qui-vive, car selon la formulation employée, les informations données dans le récit ont plus ou moins d'importance.

✅ De nombreux changements de temporalité.
Comme pour la narration, on ignore à quel moment de la vie des personnages on se situe. La frontière entre passé et présent est inexistante. Nous sommes en 1880, puis au début du XXe siècle, puis retour en 1878, et repassage en ... (on l'ignore parfois, en fait).
C'est dérangeant, fatiguant et parfois incompréhensible.
Mais on arrive toujours à se remettre sur pieds (et c'est là le génie de l'auteur : nous faire croire que l'on se noie, alors que l'hameçon nous maintient captif).

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Entre fiction et réalité, l'auteur nous embarque dans une épopée digne d'un roman d'aventures.
Entre Londres, l'Irlande et les États-Unis, les pas de nos héros convergent toujours vers le même point : la reconnaissance de gloire, la volonté de succès et l'envie de devenir immortel. 
A leur manière, chacun d'eux y parviendra, devenant chacun leur tour ce Comte si longtemps calomnié par les uns, ou vénéré par d'autres.








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