La redoutable veuve Mozart d'Isabelle Duquesnoy



La biographie d’un personnage oublié de l’histoire…

***

Que s’est-il passé après la mort de Mozart ? Comment ses œuvres nous sont parvenues ? Pourquoi n’est-il pas tombé dans l’oubli ?

Peu probable que sa notoriété soit l'oeuvre du Saint Esprit, soyons réaliste. En son temps, la famille Mozart vivait dans la misère, criblée de dettes. On louait son génie certes, mais en tant qu’homme, le compositeur n’était rien d’autre qu’un joyeux luron dont on se serait bien passé dans son salon.
N’oublions pas non plus qu’il fut mis en terre dans une fosse commune et, aujourd’hui encore, on ignore où il repose.



Alors, pour qui se pose la question, c’est grâce à Constanze, sa chère épouse, que toute l’œuvre de Mozart peut être écoutée à notre époque et jouée plusieurs fois par jour dans le monde entier.

***

Historiquement parlant, ce livre est très intéressant. 
J’ai appris énormément sur la femme derrière l'homme : redoutable pour qui se dresse en travers de sa route et ose salir la mémoire de son défunt époux (« une vie de querelles pour se faire respecter »), elle n’en est pas moins fidèle à son souvenir, ce qui lui permettra de braver tous les obstacles.

Constanze a défendu corps et âme les droits de Wolfgang : elle a mis en place les droits d’auteurs sur ses œuvres, lui permettant de gagner un pécule honorable à chaque représentation des ses opéras et concerts ; elle est l’instigatrice de l’Association de musique de la cathédrale et du Mozarteum ; elle a écrit la première biographie de Mozart avec l’aide de son second époux ; elle a fait fondre la statue qui se trouve actuellement place Mozart à Salszbourg... 
Comme elle le dit avec modestie : "La popularité universelle de Mozart, c'est moi." 

Mais c’est aussi la personnalité d’une femme folle amoureuse qui est dépeinte (« J’ai quatre-vingts ans maintenant, et l’image de Wolfgang me poursuit toujours. Qu’elle m’abandonne un instant, et je me sens égarée ») : elle a consacré sa vie à réhabiliter Mozart aux yeux des bourgeois qui l’ont raillé de son vivant.

***

Le seul bémol de ce roman est l’écriture, que j’ai trouvée ennuyeuse. 
J’ai eu du mal à me plonger dans l’histoire, les paragraphes s’alternant parfois sans suite logique, car c'est une vielle femme qui parle à son fils, et change constamment de sujet bien que le fil rouge reste le même. Elle lui donne les justifications des actes qui ont dictés sa vie depuis la mort de son père : sentant sa fin venir, elle souhaite justifier ses bons, comme ses mauvais choix. 
Mais surtout, sous-jacent, c’est la volonté d’une mère de voir grandir son enfant, pour que celui-ci lui donne une descendance, digne de marquer les générations futures.

D’ailleurs, la structure du récit me fait beaucoup penser à l'Amadeus de Milos Forman. Le réalisateur a construit son film autour de Salieri, le grand ennemi de Mozart. Alors que ce dernier arrive au terme de sa vie, il se confesse à un prêtre et se repend du meurtre du compositeur (meurtre implicite, sous-entend). Tout le film n'est qu'un témoignage du pourquoi et comment il en est arrivé là, comme Constanze dans le roman d'Isabelle Duquesnoy.


***

Dans tous les cas, et pour les amoureux de Mozart ou de la musique du XVIIIe siècle, ce livre, tiré des lettres de Constanze et des témoignages et archives qui nous sont parvenus aujourd’hui, est historiquement une réussite.

Commentaires

Articles les plus consultés