Giant de Mikaël
"Chez nous, quand les hommes prennent la mer, on sait au fond de nous qu'on les voit peut-être pour la dernière fois. On y est toutes préparées depuis le plus jeune âge..."
Nous les voyons, nous les connaissons par coeur et allons les visiter lors de nos visites à l'étranger.
Mais derrière ces buildings gigantesques dont les toits touchent le ciel, qui oeuvrent en silence et risque sa vie pour nous permettre de côtoyer les étoiles de plus près ?
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Tout part d'une photographie, une photographie très connue : celle de onze ouvriers suspendus dans le vide sur une poutre en métal.
Qui sont-ils ? Que font-ils ici ? Est-ce la réalité ou un montage de l'époque ?
À travers cette bande-dessinée, l'auteur/illustrateur Mikaël nous fait voyager : speakeasies, barbiers, soupe populaire, mafia et gangs en tout genre... Bienvenue dans le New York des années 30.
Nous suivons les aventures de Dan, jeune immigré irlandais qui vient d'être embauché pour aider à la construction du futur Rockfeller Center. De là se tisse les plus incroyables amitiés entre immigrés d'Irlande.
À travers le titre Giant, Mikaël nous fait dépasser nos rêves les plus fous : pouvoir toucher les étoiles du haut de ces géants d'acier. Mais le titre ne s'arrête pas là. Il faut également référence à notre héros, Jack Jordan, une véritable armoire à glace, ancien membre de l'IRA, un bonhomme taciturne qui cache un lourd secret.
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Au cours du récit, nous sommes transportés dans les rues de la future "Big Apple", où la misère, la pauvreté, la cruauté côtoient l'espoir d'une vie meilleure et du rêve américain.
On s'attache rapidement aux personnages : Dan le jovial, qui voit la vie sous tous les bons côtés, ne se plaint jamais avec son côté pince-sans-rire, Giant le mélancolique, qui cache une grande bonté derrière ses cicatrices comme on l'apprend au fil des pages, les femmes des irlandais, si bonnes et qui s'entraident, Mary-Ann et ses enfants, une petite famille pleine d'espoir qui traverse l'océan pour rejoindre une chimère, et les travailleurs, ceux qui ont permis les constructions des plus grands bâtiments du monde.
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Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu une bonne BD sur un événement historique, ou plutôt un pan de l'histoire américaine. J'ai beaucoup aimé le trait de l'auteur, la façon dont il traite les visages pour faire passer les émotions qui sont ensuite transmises au lecteur.
On éprouve de l'empathie pour ces hommes, ces para-constructeurs, prêt à risquer leur vie pour gagner un salaire de misère à envoyer à leurs familles de l'autre côté de l'océan. Et pourtant, malgré le sujet somme toute dur, les planches sont remplies de bonté et d'espérance, des qualités humaines propre à chacun.
Série en deux tomes, l'auteur continue sur sa lancée de l'Amérique des années folles avec le dytique Bootblack, dont la sortie est prévue cette année. On l'attend avec impatience !
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