La Belle Sauvage de Philip Pullman
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La Belle Sauvage relate l'histoire du jeune Malcom, un enfant de 11 ans, qui se prend d'affection pour un bébé protégé par les soeurs du couvent voisin, et qu'il tentera de sauver contre vents et marées.
Ce livre, tiré de La Trilogie de la Poussière dont les deux prochains tomes ne sont pas encore parus, est le prequel de la série À la croisée des mondes.
Mea culpa ou non, je n'ai jamais lu ces romans, qui sont des classiques de la littérature jeunesse (à l'époque j'étais plongée dans les classiques de la bande-dessinée 😆).
Mais j'ai tant entendu parlé de ce bestseller qu'il m'était impossible, de par ma curiosité naturelle, de ne pas le lire. C'est comme ça que j'ai été propulsée dans l'histoire que nous conte Philipp Pulman.
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Alors quel est le verdict ?
Je suis peut être un cas rare (un extra terrestre comme sont considérés ceux n'ayant pas connaissance d'Harry Potter 😲), mais j'ai préféré commencé directement par le prequel, et laissé la trilogie de Lyra pour plus tard, en attendant la sortie des deux autres tomes.
Est-ce que cela a posé un problème ? De nombreuses critiques affirment qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu À la croisée des mondes pour comprendre La Belle Sauvage. Certes... mais en partie seulement. En effet, plusieurs choses ont échappé à ma compréhension, de nombreuses questions se sont posées, me laissant sur ma faim, alors que les lecteurs assidus de Pullman avaient déjà toutes les cartes en main. Pour moi, c'est comme si j'avais été voir la pièce de théâtre Harry Potter et l'enfant maudit sans connaître la saga... Forcément des subtilités m'échappent. Par exemple : qui sont les dæmons ? J'ai dû mal à cerner cette notion, tout en ayant des foules d'hypothèses (et je suis sûre que j'aurai une réponse un jour !). Ou encore : dans quel monde vivent Malcolm et Lyra ? Est-ce notre Terre, ou bien un monde fantastique, comme le laisse transparaître la seconde partie de l'histoire ? Là encore, des réponses me seront apportées au fil de mes lectures (du moins je l'espère).
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J'ai commencé ma lecture avec une principale appréhension : l'âge du héros. Malcom me semblait trop jeune, et j'avais peur de ne pas réussir à m'identifier au personnage. Cependant, et à ma grande surprise, notre héros s'avère être plus mature que les personnages habituels des romans que j'ai l'habitude de lire, notamment de par ses qualités qui sont nombreuses. Au final, on oublie ce détail, même si il nous est rappelé tout le long de l'histoire, notamment lorsqu'il pense à ses parents, lorsqu'il souffre ou lorsqu'il a peur (après tout, il sort tout juste de l'enfance).
J'ai été également saisie par les méchants : les fanatiques, la religion souveraine, l'hérésie contrôlée ou encore les dénonciations qui vont bon train, au point que l'on se méfie de tout le monde, même de ses amis. Cela rend l'histoire plus adulte je dirais, surtout avec l'importance de la caste scientifique, le grand ennemi de la religion.
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En conclusion, La Belle Sauvage s'avère être un bon roman et j'ai hâte de pouvoir lire la suite.
Ma grande déception est l'histoire que nous conte la quatrième de couverture qui annonce une aventure maritime, mais elle ne commence qu'à partir de la deuxième moitié du livre (et c'est d'ailleurs à ce moment là que le suspens apparaît et que l'action s'accélère). L'inondation dont est victime le pays est inconcevable tellement elle paraît sans fin, et ce sujet me fait penser au Déluge insufflé par Dieu afin de nettoyer la Terre, Malcom en nouveau Noé cherchant à sauver la vie d'une femme et d'un bébé pour permettre aux Hommes de continuer leur lignée (des nouveaux Adam et Eve ?). Mais outre la Bible, la mythologie est aussi mise en avant, notamment lorsque La belle sauvage, ce canoë qui est le personnage principal du roman, se laisse guider sur les flots calmes d'un Styx et où ses occupants découvrent des mondes que l'on peut apparenter au Purgatoire. On s'attend presque à découvrir Cerbère et Hadès au bout du chemin (et finalement n'est-ce pas le cas avec l'horrible poursuivant qu'est Gérard Bonneville et son dæmons hyène, un être mi-figue mi-raisin qu'on a dû mal à cataloguer ?).
À ceux qui n'ont pas lu la trilogie des Royaumes du Nord, la lecture de La Belle Sauvage reste agréable, mais des questions restent en suspens. Ainsi, et si vous êtes patient, laissez vous le temps pour découvrir Lyra dans sa série de romans, je pense que nous seront encore plus surpris !
Le plus : la traversée de certaines contrée par Malcolm m'ont fait penser aux proses du poète Yves Bonnefoy, dont l'un de ses écrits est retranscrit ci-après, afin de continuer à rêver et imaginer le monde de Philip Pullman.
Le plus : la traversée de certaines contrée par Malcolm m'ont fait penser aux proses du poète Yves Bonnefoy, dont l'un de ses écrits est retranscrit ci-après, afin de continuer à rêver et imaginer le monde de Philip Pullman.
Le lieu des morts
Quel est
Le lieu des morts.
Ont-ils droit comme nous à des chemins,
Parlent-ils, plus réels étant leurs mots.
Seront-ils l'esprit des feuillages ou des feuillages plus hauts ?
Phénix a-t-il construit pour eux un château.
Dressé pour eux une table ?
Le cri de quelque oiseau dans le feu de quelque arbre
Est-il l'espace où ils se pressent tous ?
Peut-être gisent-ils dans la feuille du lierre,
Leur parole défaite
Étant le port de la déchirure des feuilles, où la nuit vient.
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