Le grand saut de Florence Hinckel




Jusqu'où peut-on aller par amitié ?

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Aaaaah, les années lycées ! 
La bande d'amis, les sorties, les fous rires, les premières découvertes, le début de l'indépendance...
Qui ne repense pas avec nostalgie à ces instants ? Certes, sur le moment nous sommes pleins de rêves, d'espoirs, bourrés d'insouciance et la tête dans les nuages. Nous pensons au futur (nous y sommes obligés), mais cela nous paraît lointain car nous vivons dans le présent.

Et c'est exactement ce que nous fait vivre Florence Kinckel à travers les trois tomes de sa série Le grand saut.
Nous vivons (ou revivons) notre année de terminale et le début de notre vie d'adulte à travers une bande de six copains qui se connaissent depuis le collège. 
L'amitié est le point central de l'histoire, mais aussi l'amour. Les premières amours d'abord, celles qui se développent entre garçons et filles qui passent leurs journées ensemble. L'amour filiale, celui d'un parent envers son enfant ; cet amour si intense qu'il peut déplacer des montagnes. Et l'amour fraternel, celui que l'on partage dans une fratrie. Celui qui nous rapproche de notre frère ou soeur tout en nous en éloignant. Et enfin il est aussi question de l'amour au-delà des apparences, un amour qui rend aveugle, qui ne juge pas.
Bref on parle de l'Amour universel, celui avec un grand A.

Cette saga nous dresse les portraits de différents adolescents, au point que nous nous reconnaissons dans les qualités de l'un ou les défauts de l'autre. 
Nous y retrouvons les problèmes tels que les drogues, le sexe, le harcèlement, les amours impossibles, l'amitié ou les relations hommes/femmes. Et plus intensément, l'auteur nous plonge dans des questionnements actuels : comment gérer son homosexualité ? comment faire des autres qu'ils m'acceptent si moi-même j'en suis incapable ?
Chaque personnage traîne son malêtre comme un boulet à sa cheville : Alex et son handicap, Iris qui n'a jamais supporté la banalité de son physique, Rebecca qui n'accepte pas le regard des autres tout en le cherchant avidement, Paul qui tolère sa vie par dépit, Marion la grande dépressive ou encore Sam qui masque par l'humour son dégoût de lui-même.

Mais l'auteur nous invite à nous poser une autre question : peut-on vivre quand sa vie est bouleversée du jour au lendemain ?
Peut-on vraiment goûter la vie lorsque celle-ci s'acharne à nous détruire ?
Au travers de l'acceptation de soi, chacun des personnages ne supporte pas la réalité de son monde, au point qu'il se replie sur lui-même. Nous parlons donc d'amitié, mais jusqu'où va-t-elle face aux véritables problèmes ?

Le grand saut est donc une ode à la jeunesse et au passage à l'âge adulte. Mais pas que...
Le grand saut nous rappelle que nous quittons, un jour où l'autre, le monde des rêves, des chimères pour entrer dans la réalité et les espoirs déchus. 
Le grand saut fait aussi référence au personnage d'Alex, ce qui créé toute l'histoire : un saut raté, et une vie de brisée. Mais cette cassure à un impact sur tout le groupe, qui s'en verra changé à jamais.
Il y a aussi le grand saut vers l'inconnu : la recherche de soi, de qui l'on est, de notre passé et de notre futur, de nos sentiments et de nos envies. 
Le grand saut, enfin, c'est avouer nos sentiments à une personne spéciale, où avoir des difficultés à assumer ses choix, mais le faire envers et contre tous.

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Cette série représente une fresque des difficultés que rencontrent les jeunes adultes : outre les sentiments amoureux, l'auteur évoque aussi les problèmes d'emplois, d'études, de bourses, d'argent, de bizutage... La dure réalité du monde face à un groupe de rêveurs.

C'est une saga bouleversante et haletante : les personnages sont attachants et il existe un suspens sur le devenir de chacun. 
Bref, une série à dévorer, sur les espoirs, les rêves et la société. 
Une attention toute particulière à la dernière page du tome 3, qui résume parfaitement l'histoire.
Ce fut une belle découverte.

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