La Faucheuse de Neal Shusterman
C'est une question actuellement sans réponse, mais à laquelle de nombreux écrivains ont essayé de répondre à travers leurs écrits. Pour certains, l'Homme colonisera le système solaire afin de palier aux manques de ressources terrestres. Pour d'autres, l'Homme disparaîtra, soit parce qu'il aura été anéanti par une existence supérieure (une intelligence artificielle, une vie extraterrestre) ou il s'auto annihilera, tout simplement.
Nous connaissons tous ces livres, ces histoires.
C'est pourquoi il me tient à coeur de vous parler d'un roman qui voit l'être humain évoluer de façon positive, un récit sorti de la plume de Neal Shusterman. L'auteur a en effet utilisé les codes des dystopies pour les transformer à sa convenance.
Ici, l'intelligence artificielle sauve le monde, l'humanité tout entière et la Terre avec : ce que nous appelons aujourd'hui le Cloud, cette base de données qui répertorie les connaissances, s'est transformée en Thunderhead et contrôle le monde avec bienveillance, empathie et justesse.
Ici il n'existe plus de gouvernements, de politiques, de pauvreté et de richesse, de nobles ou de répudiés. Le Thunderhead a mis tous les êtres humains sur le même plan grâce à un revenu minimum garanti et à une félicité programmée.
Ici, l'Homme n'a pas réussi à coloniser le système solaire car cela lui est scientifiquement impossible. Alors le Thunderhead, dans sa grande bonté, a stoppé les effets néfastes de la pollution, a recréé les espèces animales disparues ou en voix de l'être ; il a aussi fait en sorte que les humains puissent vivre partout (sous l'eau ou sous des températures glaciaires) afin de peupler le moindre centimètre carré de cette Terre qui accueille désormais des dizaines de milliards d'êtres humains.
Mais bien qu'il soit le gouvernant de cette nouvelle Terre, le Thunderhead n'a pas toute autorité sur l'Homme. En effet ce dernier a réussi à vaincre la nature en se rendant immortel. Finis les morts accidentelles, terminés les meurtres et crimes divers. Dans cette nouvelle société, la guerre n'existe plus et la paix règne en maîtresse. Et au milieu de tout cela se trouve la Communauté des Faucheurs, l'unique instance sur laquelle le Thunderhead n'a pas de prise.
Car, oui, l'Homme a vaincu la mort : il peut vivre des siècles, se faire rajeunir autant qu'il le souhaite et s'il meure accidentellement, des centres de résurrection le ramèneront à la vie. Mais si les naissances prospèrent mais que la Mort ne frappe plus, comment équilibrer la démographie de la planète ? Ainsi fut créée la Communauté.
Après une année de formation, les Faucheurs sélectionnés ont pour rôle de "glaner" (et non pas "tuer") cinq personnes par semaine, afin d'équilibrer la balance.
Et c'est dans ce monde que l'auteur nous plonge...
***
Dans ce roman, nous suivons les aventures de Citra et Rowan, deux adolescents que tout séparent, et qui se retrouvent malgré eux les apprentis de Maître Faraday, un faucheur très respecté de la Communauté.
Mais ils découvrent très vite que la Communauté est loin d'être le reflet de ce qu'elle est : alors que l'Homme a retiré de son ADN toute volonté de pouvoir et de puissance, il semble que le monde des faucheurs soit le reliquat de ce que fut la société de l'Âge de la Mortalité (ou la notre plus précisément). D'un côté les anciens, qui respectent les règles établies dès la création de la Communauté, et de l'autre le Nouvel Ordre qui regroupe la nouvelle génération de faucheurs avide de sang. Au centre de cet imbroglio, nous suivons Citra et Rowan qui doivent s'affronter pour devenir faucheur, au risque de se faire glaner par l'autre lors de la dernière cérémonie qui n'en sacrera qu'un des deux.
J'ai adoré le premier tome de cette série : la découverte de l'histoire, de la nouvelle société, des personnages très différents les uns des autres, de leurs faiblesses et des amours impossibles.
Le second tome est tout aussi haletant : nous connaissons les tenants de la société, mais l'auteur a choisit de faire intervenir le Thunderhead comme un personnage à part entière, une forme abstraite qui a la possibilité de penser et de ressentir des émotions. A travers ses monologues, nous découvrons certains aspects de la société qui nous ont échappé dans le premier tome : l'auteur détaille son monde à travers son intelligence artificielle. Ce tome 2 se construit plus autour d'une investigation, d'une alternance de diverses quêtes et d'une chasse à l'homme.
Cependant, et après avoir loué l'originalité du tome 1, il s'avère que le tome 2 se rapproche de récits fantaisistes chers à la culture populaire : nous retrouverons entre autre une référence à Frankenstein de Mary Shelley, et à La nuit des temps de Barjavel.
Je vous laisse découvrir la suite... en attendant le tome 3 😉
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