Captive de Margaret Atwood
Quand un auteur devient journaliste pour écrire une histoire, où s'arrête la réalité et quand commence la fiction ?
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Qui n'a pas vu ou du moins entendu parler de Margaret Atwood, l'auteur du non moins célèbre La servante écarlate et de son personnage June, sublimement interprété par Elisabeth Moss ?
Il est vrai que les oeuvres de cet écrivain ont souvent été porté à l'écran comme c'est le cas du roman ci-présent et qui s'intitule Captive.
Captive est l'histoire de Grace Marks, jeune fille âgée de 16 ans, que nous découvrons dans une prison, enfermée à perpétuité pour le meurtre de son patron Mr Kinnear et de sa gouvernante, Mlle de Montgoméry, en 1843 dans une province du Canada.
La particularité de cette histoire, qui s'avère être vraie, c'est que nous ignorons si Grace est l'auteure de ce double meurtre, ou un malheureux pion qui s'est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Et Margaret Atwood, dans un esprit journalistique, cherche à faire la lumière sur cette histoire qui a déchainé la chronique au XIXe siècle, un fait divers qui a marqué les esprits et son époque.
Concernant les faits réel, voici ce que nous savons : la jeune fille était embauchée chez Mr Kinnear comme femme de chambre. S'y trouvait également Nancy Montgoméry et un palefrenier du nom de James McDermott.
Un jour, Grace et James sont retrouvés dans une auberge, près de la frontière américaine. Elle porte les vêtements de Nancy, qui a été retrouvé dans la cave, morte, aux côtés de son patron.
Le procès dure, l'avocat de Grace lui demande de changer souvent sa version des faits, tant et si bien que les chroniqueurs de l'époque ignorent qu'elle est la bonne version. Et Grace de même.
Les deux protagonistes sont condamnés à être pendus. Mais à la dernière minute elle est graciée, et doit finir (ou commencer, car je rappelle qu'elle n'a que 16 ans) ses jours dans un pénitiencier canadien. Quant à son complice, il est pendu haut et court, tout en la maudissant et continuant de l'accuser.
Encore aujourd'hui, personne ne sait ce qu'il s'est vraiment passé dans la propriété de Mr Kinnear en ce mois de juillet de l'année 1843.
Alors, Margaret Atwood a cherché à éclairer les parts d'ombres en créant une fiction autour du personnage de Grace.
L'histoire retrace la vie de Grace, qu'elle nous raconte elle-même pour les besoins d'investigation d'un jeune médecin en psychiatrie, Simon Jordan. Ce médecin est inventé de toutes pièces par l'auteur. Son rôle est d'essayer de comprendre les comportements déments à travers la personnalité de Grace qui est le sujet le plus intéressant de l'époque (il lui arrive d'avoir de nombreuses absences durant lesquelles elle devient violente et agressive). Nous sommes dans les prémices sur les travaux du subconscient et la force du psychisme sur nos actes. Notre passé peut-il influer sur notre présent, et notre avenir ? C'est ce que nous cherchons à découvrir en retraçant toute la vie de Grace, de sa naissance en Irlande à sa captivité au Canada.
Le livre se lit à deux voix : d'un côté, Grace raconte son histoire, pour le moins éprouvante, et nous pouvons suivre l'enchevêtrement des étapes de sa vie. De l'autre, le docteur Jordan nous livre ses conclusions sur le cas de sa patiente à travers des lettres qu'il envoie à sa mère, à son tuteur ou encore à d'autres personnages. Et cette voix, c'est celle de l'auteur. À travers le personnage du médecin, Margaret Atwood nous livre ses sentiments concernant Grace.
Finalement, ce roman et cette histoire sont un enchaînement de contextes et de circonstances sans fin : et si elle n'avait pas émigrée au Canada ? Et si elle n'avait pas rencontré Mary Whitney ? Et si elle avait ouvert cette fenêtre ?
Au fil du récit, nous prenons pitié de Grace et du médecin, qui cherchent la vérité sur cette tragédie sans réussir à y mettre le doigt.
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L'intérêt de cette lecture est la découverte d'un fait réel qui a déchainé la chronique de l'époque. Margaret Atwood s'est basée sur les témoignages des avocats et des médecins, ainsi que sur les articles parus dans la presse.
C'est un véritable travail de mémoire qu'elle a réalisé, de restitution et de recherche de la vérité.
Bien entendu, l'auteur nous donne une version que nous pourrions qualifier "à la Atwood" : elle laisse la possibilité à la réalité et à la fiction de se mêler, le vrai et le faux se mélangent entre possibilité et surnaturel. Quand s'arrête la réalité pour laisser place à la fiction ? Nul ne le sait, comme dans ses nombreux romans.
Je recommande cette lecture à tous ceux qui aime les histoires vraies, mis également à ceux qui adorent nager dans le mystère, le paranormal, les intrigues et les questions sans réponses.
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