Quelques minutes après minuit de Patrick Ness et Juan Antonio Bayona
Quand le cinéma rencontre la littérature : cet article est inspiré de mon intervention lors d'une présentation "Littérature et cinéma".
Avant de commencer la comparaison entre le roman et le film, laissez-moi vous conter une histoire...
Quelques minutes après minuit traite de la vie d'un jeune garçon qui fait face à la maladie de sa mère. Quelques minutes après minuit est aussi l'histoire d'un cauchemar, d'une vérité.
Quelques minutes après minuit traite de la vie d'un jeune garçon qui fait face à la maladie de sa mère. Quelques minutes après minuit est aussi l'histoire d'un cauchemar, d'une vérité.
Le livre dresse le portrait psychologique du héros, Conor, 13 ans, qui vit en Angleterre avec sa mère atteinte d'un cancer. C'est un enfant seul, qui doit affronter des problèmes d'adultes mais qui refuse de comprendre la logique du monde des adultes.
C'est aussi un enfant en colère, consciemment impuissant face à la tragédie qu'il vit.
Le livre de Patrick Ness est un récit fantastique. En effet il est ponctué par l'apparition d'un arbre qui prend vie et souhaite faire comprendre à Conor son état d'esprit. Il est le reflet de son inconscient.
Il a pour mission de raconter trois histoires qui reflète la réalité de Conor.
Il a pour mission de raconter trois histoires qui reflète la réalité de Conor.
Le livre a été adapté sur grand écran par le réalisateur Juan Antonio Bayona, qui a réalisé entre autre L'Orphelinat, The impossible et Jurassic World : Fallen Kingdom.
Lors de mon intervention sur "Littérature et cinéma", mon objectif a été de comparer certaines scènes du livre avec l'interprétation qu'en a fait le réalisateur.
Dans le cadre de cet article, je ne parlerai que de la scène sur l'apparition de l'arbre-monstre qui, à mon sens, est la plus importante, car sans elle, l'histoire ne serait pas la même.
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Dans le livre, le monstre apparaît dès le début : "Le monstre apparut juste après minuit. Comme tous les monstres." D'emblée, nous sommes plongés dans le vif du sujet.
Ce premier chapitre introduit le personnage principal et le sujet du livre : nous découvrons Conor qui se réveille d'un cauchemar violent et redondant. Puis une voix lui chuchote son prénom sept fois (le chiffre sept ayant une symbolique très importante tout au long du récit et que je vous laisse découvrir). Alors le monstre apparaît : il se transforme, passant de l'arbre au monstre, s'approche de la maison, puis de Conor, et entame le dialogue. Il est venu chercher Conor, mais ce dernier n'a pas peur. Et pourquoi ? Parce que la réalité est beaucoup plus effrayante...
Ce premier chapitre introduit le personnage principal et le sujet du livre : nous découvrons Conor qui se réveille d'un cauchemar violent et redondant. Puis une voix lui chuchote son prénom sept fois (le chiffre sept ayant une symbolique très importante tout au long du récit et que je vous laisse découvrir). Alors le monstre apparaît : il se transforme, passant de l'arbre au monstre, s'approche de la maison, puis de Conor, et entame le dialogue. Il est venu chercher Conor, mais ce dernier n'a pas peur. Et pourquoi ? Parce que la réalité est beaucoup plus effrayante...
Dans le film, la séquence d'apparition du monstre est différente, plus longue, mais le message reste le même.
Tout d'abord, le réalisateur a imaginé un prologue afin de nous faire comprendre qu'il ne s'agit pas de l'histoire d'un monstre, mais d'un garçon "trop vieux pour être un enfant mais trop jeune pour être un homme. Et un cauchemar." C'est le sujet du film.
La scène débute quand Conor est dans sa chambre, assis à son bureau, et éveillé. Il s'isole, se coupe du monde extérieur avec son casque audio.
Sur une feuille blanche posée devant lui, il commence à dessiner un rectangle, qui se fond avec l'encadrement de la fenêtre de sa chambre (grâce à un fondu enchaîné). Par la fenêtre, nous apercevons alors une église, un cimetière et un if (ce dernier étant considéré comme un symbole d'immortalité au regard de sa longévité, il s'associe parfaitement avec l'église - et la vie éternelle promis lors de la Résurrection - et le cimetière - lieu de rencontre entre les vivants et les morts - qui sont les thèmes de l'histoire). Cette fenêtre représente l'échappatoire de Conor : elle est un seuil vers un autre monde, celui de l'imaginaire, le monde des enfants.
Sur une feuille blanche posée devant lui, il commence à dessiner un rectangle, qui se fond avec l'encadrement de la fenêtre de sa chambre (grâce à un fondu enchaîné). Par la fenêtre, nous apercevons alors une église, un cimetière et un if (ce dernier étant considéré comme un symbole d'immortalité au regard de sa longévité, il s'associe parfaitement avec l'église - et la vie éternelle promis lors de la Résurrection - et le cimetière - lieu de rencontre entre les vivants et les morts - qui sont les thèmes de l'histoire). Cette fenêtre représente l'échappatoire de Conor : elle est un seuil vers un autre monde, celui de l'imaginaire, le monde des enfants.
Durant toute la séquence il n'y a pas de son à part quelques notes. Puis un chuchotement à peine perceptible, et Conor se tourne vers la fenêtre. Quelqu'un a murmuré son nom, d'un filet de voix, et pourtant il l'a entendu (malgré son casque sur les oreilles). Nous pouvons en conclure que cette voix provient de son esprit, puisque même le spectateur ne l'entend pas (pour cela, il faut visionner la version VO sous titrée pour comprendre que quelqu'un l'appelle). Cependant Conor continue son dessin : la vue qu'il a de la fenêtre, ce monde illusoire qu'il peut franchir sans peur.
Puis Conor ouvre la fenêtre : signe qu'il est prêt à entrer dans cet univers.
Et l'arbre se transforme.
Lorsque ce dernier arrive devant la maison, le réalisateur a créé un plan parfait pour nous faire comprendre que le monstre provient de l'esprit du jeune garçon : tandis que Conor apparaît derrière la tête du monstre, le monstre apparaît derrière la tête de Conor sur le plan suivant.
En prenant ce parti prit, Juan Antonio Bayona souhaite que le spectateur comprenne tout de suite ce qui unit le monstre au personnage afin de ne pas nous mettre sur une fausse piste. Car dans le livre, ce n'est qu'au chapitre 22 que j'ai compris le lien qui les unissait véritablement.
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Au début du projet, lorsque j'ai choisis de traiter ce livre, j'ai eu quelques réticences. Il est difficile de raconter l'histoire d'un enfant confronté à la maladie, d'un être seul et abandonné de tous, au point de se créer un ami imaginaire terrifiant et qui soit préférable aux vivants qui l'entourent.
Mais j'ai rapidement changé d'avis car ce récit m'a captivée. J'ai adoré les trois histoires que racontent le monstre et la conclusion du livre.
Le lecteur oscille entre le monde réel et le monde des contes, tout comme Conor, ce qui nous permet de nous mettre à sa place et d'avoir de l'empathie pour lui.
Un jour ou l'autre, nous serons confronté à ce que vit Conor, que nous soyons enfant ou adulte.
Cette histoire est une belle leçon de vie, un bel hommage au deuil et à la souffrance.
Cette histoire est une belle leçon de vie, un bel hommage au deuil et à la souffrance.
Une histoire que je recommande les yeux fermés.
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